La cybercriminalité risque de compromettre les avantages du monde numérique
L'éducation est essentielle pour transformer la prise de conscience en action.
La cybercriminalité continue d’évoluer et de gagner en sophistication, et pourrait coûter aux économies plus de 10 billions de dollars américains à l’échelle mondiale d’ici 2025, selon Interpol1, un organisme intergouvernemental qui soutient les organisations policières.
Adam Evans, le dirigeant de RBC responsable de la stratégie de cybersécurité de la Banque, souligne que la criminalité est un « secteur des services ». « Nous mettons en ligne plus de renseignements personnels que jamais auparavant. Les criminels peuvent recueillir et vendre nos renseignements par l’intermédiaire de services de courtage de données, déclare M. Evans. Finalement, quelqu’un peut vous cibler au moyen de courriels et de campagnes d’hameçonnage. »
Les cybercriminels n’ont pas besoin d’avoir beaucoup de connaissances techniques ou d’argent pour lancer ces campagnes, puisqu’ils peuvent louer des plateformes auprès de grandes entités du crime organisé. « Ils ont accès à des structures de soutien en tout temps, comme n’importe quel secteur ou entité légitime. »
Les rançongiciels, qui verrouillent les ordinateurs d’utilisateurs ou menacent de publier leurs renseignements personnels, ont donné lieu à des activités secondaires au bénéfice des cybercriminels, notamment l’extorsion, les négociations et le transfert d’argent volé. De plus, ces activités ont été franchisées, comme le ferait un détaillant ou une chaîne d’alimentation pour élargir ses opérations.
Les cybercriminels se font aussi passer pour des personnalités publiques et utilisent des marques bien connues pour tromper un public peu méfiant. L’une de leurs tactiques courantes consiste à mettre en place un faux site d’information qui présente de fausses critiques de produits. Les personnes qui veulent en savoir plus sur un produit sont ensuite dirigées vers un autre site Web conçu pour leur soutirer des renseignements personnels ou de l’argent.
Malgré les menaces que représentent les cybercriminels, de nombreux Canadiens ont un faux sentiment de sécurité. Ironiquement, ceux qui ont grandi avec le numérique pourraient bien être les plus vulnérables à ces menaces.
Adam explique : « Les jeunes d’aujourd’hui sont de grands consommateurs de technologies. Toutefois, ils ne connaissent pas nécessairement les pièges que pose la publication de photos d’eux-mêmes sur des forums publics ou l’utilisation de la géolocalisation pour faire savoir à d’autres personnes où ils se trouvent. Ils n’ont donc pas le même degré de scepticisme que les personnes appartenant à d’autres groupes d’âge qui n’ont pas été plongées très jeunes dans le monde numérique. »
Cette situation explique pourquoi, selon un sondage mené par RBC, les 18 à 34 ans sont moins enclins que les 55 ans et plus à mettre à jour leurs logiciels antivirus ou à changer leurs mots de passe.
« Le fossé entre la prise de conscience et le passage à l’action est au cœur du problème. Nous entendons davantage parler de cyberrisques dans les nouvelles et les médias sociaux, mais les gens n’ont pas pour autant fait grand-chose pour s’en protéger. De plus, de nombreux répondants au sondage pensent surtout à se protéger contre les virus et les logiciels malveillants. Ils ne pensent pas nécessairement à leurs personas numériques ni aux renseignements qu’ils publient en ligne. »
Les résultats du sondage de RBC indiquent qu’il est nécessaire d’aider la société à mieux comprendre les cyberrisques. Toutefois, et plus important encore, il ne s’agit pas seulement de se familiariser avec la technologie. En effet, les gens ont besoin de mieux comprendre la façon dont leur comportement peut les aider à se protéger contre les criminels. « Il y a des choses de base que nous pouvons faire pour sécuriser nos comptes en ligne et nous assurer de tirer pleinement parti des capacités de sécurité, dont plusieurs sont gratuites. L’éducation est essentielle pour transformer la sensibilisation en action. Mais beaucoup de gens ne savent pas par où commencer. »
C’est l’une des principales raisons pour lesquelles RBC a préparé un « plan de match de la cybersécurité » disponible en ligne, appelé La chambre forte. Ce plan offre des conseils pratiques sur la façon d’adopter de saines habitudes en ligne.
L’un des principaux objectifs de RBC est d’aider la société à se construire une « immunité collective » dans le monde numérique, explique Adam. Plus il y a de gens qui renforcent leurs propres systèmes de défense, plus il devient difficile – et coûteux – pour les activités criminelles de s’implanter et de se développer dans la communauté.
Mieux nous sommes préparés individuellement, mieux nous nous portons en tant que société. Voilà qui augure bien pour nos perspectives d’avenir dans un monde de plus en plus numérique, déclare Adam.
« Les possibilités offertes – ou qui le seront – par la technologie pour améliorer nos vies sont énormes. Mais pour tirer le meilleur parti de cette technologie, nous devons savoir comment l’utiliser en toute sécurité. C’est de cette façon que nous retirerons des bienfaits de son utilisation dans notre monde interconnecté. »
Photo : Adam (à droite, parmi des membres de son équipe) indique que les activités de cybercriminalité ont été franchisées, comme le ferait un détaillant ou une chaîne d’alimentation pour élargir ses opérations